Elvire Duvelle-Charles (réalisatrice) et Sarah Constantin (journaliste), activistes et anciennes membres des Femen, sont à l’origine du projet Clit Revolution. D’abord présentes sur le réseau social Instagram (leur compte totalise désormais près de 100 000 abonnés), elles se font ensuite connaître du grand public après avoir réalisé une parodie du clip Saint Valentin du rappeur Orelsan. Issues de la nouvelle génération de féministes, elles souhaitent libérer la parole et ne sont pas effrayées à l’idée de parler de sexualité dans l’espace public.
Il y a un an, le Clit Revolution évolue et prend la forme d’une websérie documentaire de neuf épisodes diffusés un jeudi sur deux sur la plateforme Francetv slash (le média numérique 100% gratuit de service public). On suit les deux militantes tout au long d’un roadtrip à travers le monde (France, EU, Kenya, Japon…) durant lequel elles rencontrent des femmes d’horizons différents et échangent à propos de problématiques féminines. Dans le même temps, Sarah et Elvire en profitent pour aller à la rencontre des personnes qui suivent leur travail sur les réseaux sociaux.
Préliminaires : dessine-moi un clit est le premier épisode de la websérie. Il est diffusé le 07 mars 2019 et a déjà été vu plus de 100 000 fois sur Youtube. Durant une dizaine de minutes, les deux jeunes femmes mettent en lumière la méconnaissance qui entoure le clitoris ; et tentent, au gré de leurs rencontres, de comprendre d’où viennent les tabous et les mythes qui entourent le sexe féminin. Bien que la vidéo possède une dimension pédagogique et éducative, celle ci est déconseillée au moins de 12 ans.
La websérie s’ouvre sur le logo de Francetv Slash, avant que Sarah Constantin n’apparaisse dans son lit, face caméra en gros plan sur son visage, pour présenter les enjeux de ce premier épisode. Elle est suivie d’Elvire Duvelle-Charles, puis on la retrouve de nouveau à l’écran en train de se brosser les dents. Les deux femmes ne se trouvent pas au même endroit, mais leurs propos se font écho et la qualité de l’image laisse supposer qu’elles se sont probablement filmées seules, en mode selfie, avec ce qui semble être un téléphone.
Pour entrer dans le vif du sujet, la journaliste filme sa mère en plan rapproché poitrine et lui fait une demande pour le peu spéciale… Dessiner une vulve. Sans apparaître dans le champ, elle lui passe donc les objets nécessaires à la réalisation du fameux dessin (feuilles, stylo). C’est alors que début le générique de début, sur fond de musique rock, avec un enchainement de plans très brefs issus d’extraits de films ou d’images d’archives d’événements féministes militants (Pussy Riot, Femen). L’épisode se poursuit par une rapide présentation des deux protagonistes que l’on aperçoit lors de mobilisations organisées par les Femen.
En effectuant une sorte de micro-trottoir à divers endroits, Sarah et Elvire demandent à des passants de dessiner, une fois encore, une vulve. Et lorsque l’une des personnes se met à l’oeuvre, elle prononce dans le même temps le nom du célèbre tableau de Courbet, L’origine du monde, qui s’affiche alors dans le champ, appuyé par un zoom très lent qui accompagne un commentaire sonore réalisé par une voix off masculine. Les deux militantes nous transportent alors au musée d’Orsay où elles font face à la fameuse toile et la commente. Quelques minutes plus tard, elles se retrouvent en compagnie d’adolescents qui eux aussi, semblent avoir leur mot à dire à propos de ce tableau.
Cette toile a, depuis sa création, suscitée bon nombre de controverses ; et ce fut encore le cas dernièrement puisqu’elle a été censurée par l’algorithme de Facebook. C’est ce que nous apprenons grâce à l’extrait d’une vidéo tournée dans les locaux de France Inter lors d’une chronique réalisée par Léa Salamé en présence du directeur général de Facebook. Puis à l’aide d’images animées, les spectateurs peuvent approfondir leurs connaissances de L’origine du monde, qui n’est autre que le premier tableau (du monde occidental) à représenter un sexe de femme. La voix off poursuit ensuite sa petite histoire du sexe féminin, toujours grâce à l’animation.

Ancrant encore un peu plus leur websérie dans le documentaire qui, rappelons-le, sert à rapporter des faits liés à une problématique, en décortiquant et analysant les sujets (authentiques) qui l’entourent, les jeunes femmes se rendent chez un chirurgien esthétique afin d’en apprendre plus sur les interventions qu’il réalise sur le sexe féminin. Sarah et Elvire font face au Dr Abécassis dans son bureau, et l’entretien est filmé en champ contre-champ. Ce type de plan sera réutilisé plus tard lorsqu’elles rendront visite à la direction de la Dorcel Productions. L’extrait d’un morceau de musique scandant « Pussy ! Pussy ! » (on vous laisse le soin d’en chercher la traduction) rythme toute la vidéo, façon humoristique de nous en rappeler le thème.
Peu avant la fin de ce premier épisode, les jeunes femmes regagnent un appartement. L’une d’entre elle, Sarah, place la caméra de sorte que le champ soit encadré par ses deux jambes qu’elle a écarté en attendant l’arrivée d’Elvire, afin que cette dernière lui donne un avis plastique concernant son sexe. Cette scène n’est pas sans rappeler les propos échangés plus tôt avec le chirurgien et le directeur de Dorcel.
La vidéo se clôture enfin en dévoilant quelques éléments à propos des épisodes suivants, et sur ce que les deux activistes espèrent trouver durant leur roadtrip initiatique. Des photographies, représentants certainement les personnes qu’elles rencontreront, s’affichent les unes après les autres pendant qu’elles en parlent.
Finalement, Sarah Constantin et Elvire Duvelle-Charles rappellent l’essence même du projet Clit Révolution, « la communauté badass et joyeuse » : l’empowerment de la femme. Générique.